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26 Jan

La mode écologique : tout un programme au Who’s Next

Si la mode éco-responsable est de longue date représentée sur le salon parisien de la mode, elle n’avait jamais profité d’un espace dédié. Depuis septembre 2019, c’est désormais chose faite avec Impact.

L’environnement et le développement durable étaient sur toutes les lèvres lors des dernières Fashion Week. Au-delà de l’effet de mode, le secteur commence à prendre la question très au sérieux. Mais de quoi parle-t-on vraiment ? Notre présence au salon Who’s Next nous a permis d’éclaircir quelques points sur la question.

Plus de 25 ans après sa création, Who’s Next est le salon international leader de la mode féminine en Europe. L’événement réunit en janvier et en septembre environ 45 000 visiteurs à Paris, autour de 1300 marques françaises et internationales de prêt-à-porter d’accessoires de mode. Marques, acheteurs, journalistes ou trend-setters issus de plus 100 nationalités font ensemble les tendances pendant 4 jours de rencontres, de conférences, d’animations et de festivités.

L’évènement IMPACT est de retour au salon Who’s Next

IMPACT est le mouvement de WSN (ndlr Who’s Next) pour une mode plus responsable. Pour la seconde fois consécutive, IMPACT présente des marques de mode engagées et contribue aux changements des modes de production et de consommation pour agir ensemble.

Un pari ambitieux mais indispensable quand on sait que la mode est l’un des secteurs les plus polluants au monde. De plus, les attentes des consommateurs ont changé. De meilleures conditions de production et plus de transparence, telles sont aujourd’hui leurs exigences en matière de mode. KastingKafé revient sur les engagements principaux rencontrés lors du salon WSN pour une mode “vraiment” responsable. 

Travailler main dans la main

Il est temps pour les grands groupes de travailler ensemble et mettre en commun leurs ressources malgré la concurrence. C’est la mission d’Isabelle Lefort, présidente de l’association Paris Good Fashion. WSN est fier d’être membre de cette association créée à l’initiative de la ville de Paris, qui a pour ambition de faire de Paris la Capitale de la mode responsable d’ici 2024. L’initiative a un peu plus d’un an.

Entretien avec Isabelle Lefort, la fondatrice de l'initiative de Paris Good Fashion
lors du Who's Next en septembre 2019
Conférence avec Isabelle Lefort, la fondatrice de l’initiative de Paris Good Fashion lors du Who’s Next en septembre 2019

Isabelle Lefort répond aux questions du WSN Magazine

Paris Good Fashion en quelques mots c’est quoi ?

C’est le mouvement des acteurs de la mode et au-delà, pour faire de Paris la capitale d’une mode plus responsable d’ici 2024

L’une de leur mission est d’établir une cartographie des ressources durables à Paris pour diminuer l’impact environnemental de la Fashion Week. Notamment la consommation d’eau et la construction des décors lors des grands défilés. Alexandre de Betak, scénographe des plus grands défilés a répondu présent au projet.

Nous pouvons compter parmi nos partenaires : l’Institut Français de la Mode, la fondation Ellen Mac Arthur, la Fédération de la Haute Couture et de la Mode, LVMH, les Galeries Lafayette, Eyes on Talents, le Conseil National du Cuir et tant d’autres.

Pourquoi Impact ?

Parce qu’il faut accompagner et soutenir toutes les initiatives qui vont dans le bon sens et avancer ensemble.

Comment voyez-vous la mode de demain ?

Je la vois et la souhaite plus belle, plus créative, plus naturelle. De nouvelles matières vont voir le jour, issues d’une agriculture régénérative, pour une mode dont nous serons tous fiers et non coupables et toujours en gardant cette folie créative. Si l’on regarde les défilés de prêt-à-porter de luxe et haute couture des dernières saisons, on y voit beaucoup de perles, de broderies : c’est magnifique.

Je pense que c’est un message qui nous pousse à produire des choses encore plus belles mais mieux !

Impact en 3 verbes d’action ?

Agir. Réfléchir. Aimer : la planète, nos enfants, la mode, la créativité et travailler ensemble pour transformer le monde.

Isabelle Lefort, présidente de Paris Good Fashion
Isabelle Lefort, présidente de Paris Good Fashion

Une mode transparente

En partant du principe que l’on veut consommer mieux, le consommateur s’intéresse de près à ce qu’il va acheter. Dans ce contexte, de plus en plus de marques s’engagent à donner plus d’informations aux consommateurs. Comment est fabriqué mon t-shirt ? Dans quelles conditions ? Si nous voulons une mode responsable, nous avons besoin davantage de transparence.

Les start-up ont été les premières à anticiper cette volonté. Sur son site Internet, Maison Standards affiche ses coûts exacts de production et de commercialisation. Leur communication est également tournée vers la transparence et la marque n’hésite pas à demander l’avis de ses clients concernant le prix de leurs vêtements. Du jamais vu !

Concept de la marque Maison Standards
Capture écran du site Maison Standards

Fin du gaspillage

Brûler un stock d’invendus ? La pratique est extrêmement répandue: chaque année, entre 10000 et 20000 pièces disparaîtraient ainsi du circuit en France selon le ministère de la Transition écologique et solidaire. Heureusement la France s’engage à devenir, d’ici 2023, le premier au monde à interdire la destruction des vêtements.

Les marques seront contraintes de recycler ou de céder gracieusement leurs invendus, sous peine de sanction financière. Une vaste réorganisation des filières de collecte s’imposera.

Certaines entreprises n’ont pas attendu un nouveau projet de lois pour lutter contre ce fléau. Notamment la start up Comerso, représentée par François Valée, Directeur Communication & Marketing Comerso lors de la conférence sur le gaspillage au WSN.

Comerso est une plateforme de valorisation des invendus et des déchets pour les entreprises créées en 2013. L’entreprise accompagne les entreprises dans leur transition vers l’Economie Circulaire et propose un service clef en main, alliant déstockage, dons aux associations, valorisation des déchets et conseil.

En prenant en charge toute cette logistique, Comerso permet ainsi aux entreprises et aux associations impliquées dans l’aide aux personnes défavorisées d’améliorer et de sécuriser leurs approvisionnements.

« Aucune entreprise ne jette par plaisir, mais malheureusement il y en a encore beaucoup. De plus, les entreprises n’ont pas le temps ni les moyens internes pour gérer ces surplus » nous explique-t-il. “Avec Comerso, les invendus ont de la valeur.”

Recycler, réparer, réemployer

Durant cette conférence sur la fin du gaspillage, Emilie Morant, directrice du Relais Val de Seine, nous raconte l’évolution de la structure. Notamment son partenariat avec la jeune marque de Mode éco-responsable Les Récupérables.

La créatrice Anaïs Dautais Warmel est partie d’un constat : “Pourquoi produire encore, il y a tant de matière à réutiliser?”. Les collections sont réalisées à partir de textile (linge de maison, fin de rouleau, tapisserie) collectés et achetés auprès de nos partenaires (Ressourcerie, Emmaüs, Le Relais). La confection est confiée à de petits ateliers parisiens (Coco & Rico), ou à des ateliers d’insertion ( Concept Insertion).

Les Récupérables signe des créations de qualité en série limitée, alliant mode et consommation responsable. 

Après avoir travaillé 10 ans dans les plus grandes maisons de luxe comme Hermès, Chanel, Céline, Virginie Ducatillon a eu envie de développer un projet ayant du sens à la fois pour elle mais aussi pour la filière du cuir en France.

Virginie Ducatillon fondatrice de la marque Adapta.
Virginie Ducatillon – crédit photo leatherfashiondesign

Tout a démarré du constat suivant. D’un côté, les immenses quantités de cuir laissées à l’abandon chez les fabricants des maisons de luxe. De l’autre, les créateurs, qui ont de grandes difficultés à accéder aux plus belles matières pour leurs créations et micro-capsules.

Ainsi est née Adapta, une entreprise de l’économie circulaire, qui répond à 100% aux problématiques actuelles du zéro gâchis et de la slow fashion ; le tout en proposant des matières ultra désirables et luxueuses !

Le phénomène de la seconde main

Cette nouvelle économie circulaire explose : 6 français sur 10 ont déjà essayé. Un marché qui pèserait aujourd’hui 24 milliards de dollars. En France, 23000 personnes s’inscrivent chaque jour sur Vinted et les plateformes de locations, comme Rent the Runway, aux Etats-Unis.

“Les marques de luxe commencent à accepter de travailler avec nous car elles comprennent qu’elles ne sont plus en compétition avec leurs pairs, mais avec Zara et Amazon” indiquait récemment Jennifer Hyman, directrice de Rent the Runway.

En Belgique, vous pouvez retrouver ces initiatives chez : COUCOU, Les enfants d’Édouard et Les Petits Riens.

Soutenir la jeune création engagée

Face to Face x & OtherStories

Face to Face est une plateforme qui met en avant des créateurs indépendants qui méritent d’être connus et reconnus pour leur manière plus humaine de concevoir la mode. En association avec & Other Stories, ils ont mis en place dans leur magasin un emplacement dédié à ces jeunes créateurs.

Pour les plus chanceux à Paris, vous pourrez découvrir les 5 créatrices sélectionnées (dont Escrin) dès février 2020.

Créé en 2018, Escrin est né de la volonté d’Eugénie et Roxanne d’offrir aux femmes une mode plus belle, plus juste, et plus responsable. Toutes deux passionnées de soie et de teinture artisanale, elles déclinent leur savoir-faire dans un univers de douceur et d’authenticité.

Sofia Carpentier, Chef de Projet Retail chez & Others Stories nous explique la sélection de ces jeunes talents :

« Le choix des jeunes créatrices s’est fait un peu naturellement. On les choisit par coup de cœur. Des produis faciles avec un prix qui appelle et qui peut compléter notre collection. Nous avions collaborer avec la marque Clap, une marque de pince qui s’intégrait à toutes les pièces & Others Stories. Nous portons beaucoup d’importance à l’histoire des créateurs”.

Quant à la collaboration avec Escrin « Le positionnement était clair à la base : pas de Green Washing – pas de fabrication en contradiction avec leurs valeurs. Avoir un stand dans nos boutiques & OthersStories leur apporte de la visibilité. Les jeunes marques n’ont pas forcément le budget pour faire de la communication ou du marketing. “

Sofia Carpentier précise également que c’est bénéfique pour les deux marques “C’est également une rencontre avec des clientes qui ne sont pas forcément sensibles à leurs univers. Du coup, elles vont sensibiliser les clientes et par la même occasion le groupe H&M. De plus, cela nous permet de constamment proposer de nouvelles expériences aux consommateurs ».

Montrer l’exemple

En tant que Chef de Projet, Sofia est consciente que l’association peut en faire sourire certains « Nous sommes un grand groupe. Nous savons que nous ne sommes pas parfaits, nous sommes en plein changement et cela va prendre du temps. Si on fait ce travail en magasin c’est pour que nos clientes se rendent compte qu’on parle de co-responsabilité chez nous  ». 

Roxanne de chez Escrin rajoute « Ce n’est pas en restant dans notre coin et ne leur disant que vous ne correspondez pas à ce que nous faisons que nous allons avancer. C’est avec ce genre de partenariat que les choses peuvent changer ».

Rejoignez-nous pour la prochaine édition Who’s Next !

Si vous voulez rencontrer des créateurs engagés dans une mode responsable, on se donne rendez-vous au prochain salon Who’s Next du 4 au 7 septembre 2020.

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