Les comédies françaises sauvent le cinéma en France
Les films les plus rentables en France en 2018 sont des comédies. Et pourtant ces films sont souvent snobés par la critique. Reportage sur le genre préféré des français.
La 4ème édition du Festival International du Film de Comédie de Liège vient de s’achever. L’occasion pour le festival de récompenser Elie Semoun, Thierry Lhermitte ou encore Clovis Cornillac d’un Crystal Comedy Award, pour l’ensemble de leur carrière cinématographique. Des carrières couronnées de succès grâce à leurs interprétations dans de nombreuses comédies françaises.
Si ces comédies ont tant de succès, c’est avant tout pour leur caractère populaire. Elles réunissent souvent un casting d’acteurs encensés : pour les “Tuche 3”, les têtes d’affiches sont Jean-Paul Rouve et Isabelle Nanty. Le film a même été récompensé lors de la cérémonie des César du “César du public 2019” . Une récompense qui fera sourire certains cinéphiles mais le film a tout de même rassemblé près de 5,6 millions de spectateurs.
Ces comédies permettent de passer un bon moment, que ce soit entre amis ou en famille. Elles traitent souvent avec légèreté des sujets d’actualité qui touchent tout le monde, comme “Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?”, qui met gentiment tout le monde dans le même panier au moment où les différences font polémique.
“Cette photographie par le cinéma de cette société française dans sa diversité culturelle, régionale, ethnique et sociale plaît beaucoup.” Fabrice Montebello, professeur de sociologie et d’histoire du cinéma.
Propos recueillis sur https://www.rts.ch/
Selon Fabrice Montebello, le public français d’aujourd’hui est beaucoup plus sensible à la diversité culturelle qu’il ne l’était il y a encore vingt ans. Grâce à l’émergence d’acteurs comiques comme Jamel Debbouze, Kad Merad, ou Omar Sy qui sont issus de l’immigration. Mais aussi des acteurs qui mettent en avant leur région comme Dany Boon.
Des chiffres qui donnent le sourire
Grâce au succès de ses comédies, le cinéma français a vécu une belle année en captant près de 40% des 200 millions d’entrées enregistrées en 2018. Selon le classement du magazine spécialisé Le Film français, publié chaque année, neuf des dix films français ayant eu le meilleur taux de rentabilité l’année dernière sont des comédies.
En première position, nous avons la comédie de Romane Bohringer et Philippe Rebbot « L’Amour Flou » , qui a attiré 194.000 spectateurs avec un budget de 437.000 euros, poussant sa rentabilité à 155 %.
En second position, nous retrouvons l’un des plus gros cartons de l’année, « Les Tuche 3 », qui, avec un budget bien supérieur (13 millions d’euros) mais un énorme succès en salles, atteint les 151 % de rentabilité.
Autres sources de rentabilité
Même si les deux comédies n’ont pas le même budget de base, elles ont un point commun : les deux seuls films français sortis en 2018 à avoir atteint leur seuil de rentabilité uniquement avec les entrées en salles.
Pour atteindre la barre des 100%, les autres films devront attendre d’autres sources de revenus, comme les ventes de DVD, les diffusions télé et la distribution à l’étranger.
Un succès à l’international
En 2018, la comédie française qui a réalisé le plus d’entrées à l’étranger est “Le Sens de la fête” d’Eric Toledano et Olivier Nakache. Le film a rassemblé au total “plus de deux millions“, a annoncé la directrice générale d’Unifrance Isabelle Giordano, en remettant le Prix Comédie Unifrance à Eric Toledano, lors de la cérémonie d’ouverture du Festival de l’Alpe d’Huez en début d’année.
“On a créé ce prix parce qu’on a eu envie de récompenser ce qui est à mon sens l’un des genres les moins reconnus, pas assez reconnu partout dans le monde, et notamment chez nous en France, dans les festivals, aux César, etc“, a souligné Isabelle Giordano. “Les comédies françaises à l’étranger, ça marche. Bien sûr, on connaît le succès d’Intouchables et Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, mais il y en a tout le temps“, a-t-elle ajouté.
“Quand on a commencé dans le cinéma, on nous a expliqué que la comédie, c’était un genre qui ne s’exportait pas, parce que ça faisait appel à des références locales et qu’on pouvait difficilement comprendre à l’étranger. Donc on est encore plus contents de voir qu’à l’étranger, finalement, c’est un genre qui s’exporte très bien“, a renchéri Eric Toledano en recevant son prix.
Les films français en baisse de fréquentation
En 2018, les films français ont réuni 40 millions de spectateurs et généré 237 millions d’euros de recettes. Avec 82,5 millions d’entrées en 2017, la fréquentation du cinéma hexagonal dans les salles étrangères chute de 52%, ce qui se traduit par un retour à un niveau proche de celui de 2016.
La Belgique, terre de tournages
Le cinéma français peut compter sur ses voisins belges pour lui offrir les meilleures conditions de tournage. On le sait, la Belgique est très attractive pour les producteurs et réalisateurs. L’origine de cet intérêt ? Le tax-shelter instauré depuis le début des années 2000.
On peut également compter sur les fonds régionaux d’investissement dans l’audiovisuel Wallimage et Screen Brussels Fund – Screen Flanders pour la Flandre. Ils ont permis d’attirer toute une série de productions européennes, essentiellement françaises, mais aussi anglaise, irlandaise, voire même américaine et chinoise.
Le cinéma français a un bel avenir devant lui surtout si il continue son alliance franco-belge qui fonctionne à la perfection avec 207 films réalisés sur 5 ans. Pour avoir plus d’informations sur le sujet, découvrez notre article sur le Panorama du cinéma européen.